
L’actualité positive de la nature
Objectif Refaunation / Janvier 2022
E‑revue de l’actualité positive de la zoopolitique et de la restauration écologique, en France et dans le Monde – n° 14
Collectée et synthétisée par Alexis VERNIER
EUROPE
ALLEMAGNE et POLOGNE – Le delta de l’Oder, en pointe pour une économie verte
A la frontière germano-polonaise, le site du Delta de l’Oder prospère grâce à l’éco-tourisme, tout en préservant et en restaurant son patrimoine écologique… et ceci depuis les années 1990 !
Aujourd’hui ce delta accueille un grand nombre d’espèces, dont certaines sont rares et charismatiques telles le Castor, la Grue cendrée, le Pygargue à queue blanche… pour lesquelles il est un des hauts lieux en Europe.

Le delta de l’Oder, en pointe pour une économie verte
Pygargue à queue blanche, rapace emblématique du delta de l’Oder
(Christoph MÜLLER − CC BY-SA 4.0)
ROYAUME-UNI – Pour une Angleterre plus “sauvage”
Comment renaturer un des pays les plus artificialisés de la planète ?
Un projet vise à restaurer les écosystèmes de 20% du territoire de l’Angleterre. Depuis 2019, une aire de la région de l’East Anglia bénéficie déjà d’un tel programme de renaturation : des races de bétail rustique y pâturent pour le plus grand bonheur des Alouettes, Courlis et Tourterelles des bois, en déclin généralisé ailleurs dans le pays, qui y prospèrent déjà… en attendant la réintroduction d’espèces disparues du pays, comme la Grande Outarde.
Le projet fait aussi la promotion des méthodes agro-écologiques, pour les espaces qui restent et resteront à l’état cultivé.

ROYAUME-UNI – Pour une Angleterre plus “sauvage”
L’Alouette des champs, symbole de la biodiversité agricole
(Ken BILLINGTON − CC BY-SA 3.0)
ROYAUME-UNI – Ces zones humides qui ressuscitent d’entre les morts
Peu de temps après avoir fêté Halloween, une histoire écologique insolite peut être partagée, celle de ces zones humides qui, littéralement, « ressuscitent d’entre les morts ». Lors de la restauration d’anciennes mares comblées depuis 200 ans (et convertis en champs cultivés), les botanistes ont eu la surprise de voir émerger des plantes dont les graines avaient été enfouies depuis l’ère pré-industrielle (et parfois considérées comme localement éteintes!). Ce constat a pu être fait sur pas moins de 250 mares.

ROYAUME-UNI – Ces zones humides qui ressuscitent d’entre les morts
Les marais, à la croisée des mondes…
(Michal KLAJBAN − CC BY-SA 4.0)
PAYS-BAS – Bientôt le retour des Pélicans frisés ?
La présence de Pélicans aux Pays-Bas (et plus généralement en Europe de l’Ouest) peut sembler incongrue, ces oiseaux étant couramment considérés comme des animaux tropicaux. Et pourtant le Pélican frisé (Pelecanus crispus) faisait encore partie de l’avifaune néerlandaise au Moyen Age, avant de disparaître sous l’effet de la chasse abusive et du drainage des marais. Aujourd’hui encore l’espèce survit en Europe de l’Est et du Sud-Est où elle est protégée.
Une étude récente s’est attachée à évaluer le potentiel de réintroduction des pélicans aux Pays-Bas, qui est réel : les zones humides du pays pourraient, dans leur état actuel, accueillir jusqu’à 250 couples de cet oiseau.

PAYS-BAS – Bientôt le retour des Pélicans frisés ?
Des Pélicans frisés
(Anna EVSEEVA − CC BY-SA 4.0)
UKRAINE – La Marmotte fait son retour dans la steppe de Tarutino
Espèce d’affinités asiatiques disparue de l’Ouest de l’Ukraine depuis le siècle dernier, la Marmotte des steppes (Marmota bobak) vient d’être réintroduite dans la steppe de Tarutino, près du delta du Danube (et donc de l’Union européenne!). Un petit groupe issu d’animaux nés en élevage y a été relâché en octobre 2020 et s’y porte bien depuis, sous la surveillance des biologistes et écologues.
L’article complet peut être lu ici

UKRAINE – La Marmotte fait son retour dans la steppe de Tarutino
Une Marmotte des steppes
(Rivnodennyk − CC BY-SA 3.0)
AFRIQUE
ETHIOPIE – Les “Forêts de l’Eglise”, paradis terrestres dans la Corne de l’Afrique
Pays frappé par la déforestation, l’Éthiopie protège toutefois un grand nombre de parcelles forestières, appartenant à l’Église orthodoxe locale qui leur voue une vénération particulière.
A l’heure actuelle, le réseau de ces « Forêts d’Eglise » a le potentiel pour protéger le pays (mais aussi la région de la Corne de l’Afrique dans son ensemble) de la désertification, s’il est correctement protégé.

ETHIOPIE – Les “Forêts de l’Eglise”, paradis terrestres dans la Corne de l’Afrique
La forêt sacrée de May Be’Ati en Ethiopie
(Jan NYSSEN − CC BY-SA 4.0)
ASIE
INDONESIE – Vers un nouveau centre de reproduction des Rhinocéros de Sumatra
Réduit à moins d’une centaine d’individus, le Rhinocéros de Sumatra est dans une posture très critique. Un centre de reproduction en construction dans le site de Leuser, au Nord de Sumatra, où devraient être transférés cinq individus, à l’abri du braconnage et des accidents, pourrait renforcer les espoirs de restauration de cette espèce, et même constituer la meilleure (sinon la seule!) option pour éviter son extinction. Si les essais de reproduction captive (déjà maîtrisés par quelques parcs) réussissent, les petits pourront être à nouveau réintroduits dans le milieu naturel.

INDONESIE – Vers un nouveau centre de reproduction des Rhinocéros de Sumatra
Le Rhinocéros de Sumatra “RATU” au centre de reproduction de Way Kambas à Sumatra
(26Isabella − CC BY-SA 3.0)
AMERIQUE DU NORD
ETATS-UNIS – La Journée du Bison fait rimer conservation et réconciliation
Outre-Atlantique, la journée du 6 novembre est désignée comme « la journée nationale du Bison », pour commémorer le sauvetage de cette espèce emblématique de l’Amérique, un temps menacée d’extinction.
Mais au-delà de son rôle écologique, « notre frère le Bison » (comme le nomment les Amérindiens) peut aussi être vu comme un vecteur de réconciliation nationale, en un temps de crise pour l’identité nationale américaine. Les projets « bioculturels » de réintroduction des Bisons qui émergent, à l’initiative de plusieurs communautés amérindiennes, dans la Grande Prairie, annoncent peut-être un futur plus apaisé pour le pays… (voir aussi Objectif Refaunation n° 2, nov. 20, et n° 4, janv. 21)

ETATS-UNIS – La Journée du Bison fait rimer conservation et réconciliation
Le Bison, seigneur des prairies américaines
(Jack DYKINGA − Domaine public)
OCÉANS
A la recherche des récifs résilients
Si un grand nombre de récifs coralliens est menacé, surtout par le réchauffement global des eaux, certaines parties du monde montrent une belle résilience aux chocs climatiques. Il s’agit généralement des zones maritimes où la diversité des coraux est restée la plus élevée, notamment en Asie de l’Est. D’autres zones comme les côtes de la Mer Rouge, entre Afrique et Arabie, sont également adaptées à une eau naturellement très chaude. La protection des espaces les plus « résilients » et la création de sanctuaires (comme la Barrière de Corail du Bélize, en Amérique centrale, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO) doit être une priorité mondiale, de même que la sélection de souches de corail résistantes aux changements climatiques et physico-chimiques des eaux. L’élevage et la reproduction des coraux dans les aquariums publics doit aussi être considérée, pour protéger au maximum leur diversité génétique.

A la recherche des récifs résilients
Récif corallien au Bélize
(Andy BLACKLEDGE − CC BY-SA 2.0)
Les théories économiques au secours du corail ?
Certains environnementalistes prônent de concentrer l’effort de protection et les investissements sur un certain nombre de récifs répartis autour du monde, réputés les plus résilients au changement climatique et les plus importants sur le plan de la biodiversité, permettant dans un second temps de « réensemencer » les secteurs alentour. Ces préconisations, qui proviennent de théories économiques (déterminer les meilleurs investissements possibles) reposant sur une analyse coût-bénéfice, présentent l’avantage de la rationalité (même si elles peuvent être critiquées par ailleurs, la protection ne pouvant se limiter aux seules zones réputées « les plus rentables » à l’échelle mondiale).

Les théories économiques au secours du corail ?
Corail et poisson-clown, en Micronésie (Pacifique)
(Betty WILLS − CC BY-SA 4.0)
Révéler la biodiversité des sites marins du Patrimoine Mondial (UNESCO) avec l’ADN
Mieux connaître la biodiversité mondiale avec l’ADN présent dans l’environnement : c’est le projet que vient de lancer l’UNESCO sur les sites marins relevant du Patrimoine Mondial.
Le projet dont la réalisation devrait s’étaler sur 2 ans, vise à collecter des échantillons d’ADN présents dans l’eau, l’air et le sol, pour déterminer la richesse biologique des habitats, et prendre des mesures adaptées pour en assurer la protection.

Révéler la biodiversité des sites marins du Patrimoine Mondial (UNESCO) avec l’ADN
Scientifique en plongée sous-marine
(National Marine Sanctuaries − Domaine public)
INTERNATIONAL
Les “solutions fondées sur la nature” pour sauver le climat
Le mois de novembre 2021 a été aussi le mois du sommet de Glasgow sur le climat.
Parmi les solutions préconisées pour atteindre les objectifs climatiques globaux résultant de l’Accord de Paris, les « solutions fondées sur la nature » sont mises en avant. Leur application pourrait contribuer à diminuer les émissions globales de CO2 à hauteur de 5 gigatonnes par an en 2030, et de 10 gigatonnes par an à l’échéance 2050.

Les “solutions fondées sur la nature” pour sauver le climat
Reforestation sur l’île Praslin, aux Seychelles
(TRASS/SETS − CC BY-SA 4.0)
L’IUCN édite des normes globales pour les “solutions fondées sur la nature”
L’IUCN vient d’éditer des normes globales pour la mise en place de « solutions fondées sur la nature » (« nature-based solutions ») de façon à ce qu’elles soient les plus raisonnées et pertinentes possibles, et à éviter les « fausses bonnes solutions ».

L’IUCN édite des normes globales pour les “solutions fondées sur la nature”
La côte de “Big Sur” en Californie
(Diliff − CC BY-SA 3.0)
À propos de l’auteur
Passionné d’ornithologie et de la protection de la faune sauvage, Alexis nous emmène au travers de newsletters mensuelles “Objectif REFAUNATION” sur le chemin de l’actualité positive des actions menées pour la nature.