
L’actualité positive de la nature
Objectif Refaunation / Juillet 2021
E‑revue de l’actualité positive de la zoopolitique et de la restauration écologique, en France et dans le Monde – n° 10
Collectée et synthétisée par Alexis VERNIER
FRANCE
En Camargue, les Flamants voient la vie en rose
Les Flamants roses se portent bien en Camargue : dans le seul parc ornithologique du Pont de Gau (parc animalier proposant surtout l’observation d’oiseaux sauvages depuis un sentier de visite), l’on a recensé 2.500 de ces oiseaux cet été, contre environ 1.500 les années « normales ».
Si le confinement et les restrictions aux déplacements des touristes ne sont probablement pas étrangers à cette situation, il est espéré que le site du Pont de Gau devienne un nouveau lieu de nidification pour ces oiseaux, en plus des quelques sites déjà existants sur le littoral méditerranéen.

En Camargue, la population de flamants roses a presque doublé depuis la pandémie
Envol de flamants rose au Pont de Gau
(Poncetdespontets − CC BY-SA 4.0)
Un écomusée sous-marin en baie de Cannes
La baie de Cannes accueille depuis peu un musée d’un genre un peu particulier, puisqu’il est composé de sculptures sous-marines (représentant des Cannois travaillant pour le patrimoine local) pouvant être visitées par le public et servant de refuge pour les poissons et autres animaux marins, à la manière des récifs. Ce type d’installation a déjà été réalisée, avec succès, dans différents espaces marins à travers le Monde, y compris à Marseille.
Adapter la méthode « Miyawaki » au contexte hexagonal
Encore très marginale il y a quelques années, la méthode de reforestation dite « Miyawaki » est en vogue en France, au point d’intéresser des spécialistes de l’INRAe et du Muséum National d’Histoire Naturelle, qui rappellent toutefois la nécessité d’en évaluer la pertinence, au regard d’autres méthodes possibles permettant aux citoyens et gestionnaires publics de faire les meilleurs choix.
EUROPE
L’ONG Rewilding Europe prend un coup de jeune !
L’ONG « Rewilding Europe », très active dans la restauration écologique (surtout dans les pays du Sud et de l’Est du continent) vient de lancer sa branche « jeunesse » ; cela permettra de réunir et de stimuler les jeunes passionnés issus de tous les pays du continent et de faire avancer les chantiers de restauration en cours ou envisagés, mais aussi de créer des opportunités de carrière.
https://rewildingeurope.com/news/european-young-rewilders-officially-launches/
UNION EUROPEENNE – Objectif plantation de 3 milliards d’arbres
L’Union Européenne va planter 3 milliards d’arbres avec des essences résistantes aux changements climatiques pour renforcer le rôle de « puits de carbone » des forêts, mais aussi les activités humaines dépendantes de cette ressource.
ROYAUME-UNI – En Ecosse, la refaunation entre passé et avenir
L’Ecosse, qui se veut une nation pionnière pour la refaunation (cf. Objectif Refaunation n° 4, janv. 2021, et n° 7, avr. 2021) est dans une situation paradoxale : partir du passé pour bâtir l’avenir, d’autant que l’Ecosse (comme l’ensemble des îles britanniques) est bien moins boisée et « naturelle » que la plupart des pays d’Europe continentale. D’ambitieux projets de restauration écologique ont toutefois émergé dans les années récentes.
ROYAUME-UNI – Des projets de restauration écologique pour contrer le changement climatique
Plus au Sud, l’Angleterre est déjà le théâtre d’un nombre important de projets de restauration écologique pour contrer le changement climatique : parmi ceux-ci, la reconstitution de forêts sous-marines de kelp, la restauration et la reconnexion de zones humides entre elles, ou encore la réhabilitation de zones agricoles accueillantes pour les insectes et oiseaux passereaux.
ROYAUME-UNI – Un petit Castor né en Exmoor, une première depuis 400 ans
La réhabilitation du Castor d’Europe sur le territoire britannique, à peine ébauchée il y a 10 ans, monte en puissance, les opérations se multipliant dans les dernières années (un phénomène comparable à celui de la France quelques décennies plus tôt, mais incroyablement plus rapide !).
Dans une aire protégée de l’Exmoor (Sud-Ouest du pays), un petit Castor né d’un couple réintroduit en janvier 2020 est né cette année, alors que l’espèce avait disparu de l’île pendant un demi-millénaire.
ROYAUME-UNI – … et bientôt le Castor à Londres ?
Si le Castor n’a pas (encore) atteint la capitale britannique, il est possible qu’il s’y installe naturellement, sans nouvelle intervention humaine, d’ici à une décennie (comme c’est déjà le cas dans des grandes villes françaises comme Lyon ou Orléans).
ROYAUME-UNI – Le verdissement des villes, un bonus pour la santé… qui doit être bien pensé
Le phénomène de « verdissement » des villes, qui s’observe dans de nombreux pays à des degrés divers, est bon pour la vie sauvage mais aussi pour la santé humaine (y compris sur un plan mental). Le choix des essences d’arbres doit néanmoins être réfléchi pour éviter des effets négatifs comme la diffusion de pollens allergènes ou même les émissions de composés organiques volatils, qui peuvent générer de l’ozone nocif pour les poumons.
https://www.ox.ac.uk/news/2021 – 07-02-rewilding-cities-grow-back-greener-cleaner-and-healthier
ROYAUME-UNI – La révolution des herbes
Les villes britanniques troquent leur légendaire gazon (maudit?) contre des prairies naturelles et fleuries pour égayer leurs espaces verts. Cette tendance ne se limite pas aux pouvoirs publics : les particuliers s’y mettent aussi.
ROYAUME-UNI – Un couple d’Echasse blanche niche dans le Sussex
Bien connue des ornithologues du Sud de l’Europe, l’Echasse blanche s’installe peut-être en Angleterre : un couple s’est installé dans le Sussex (Sud du pays, au bord de la Manche) et a produit 4 poussins (1 survivant au 9 juillet 2021). Ce bel oiseau y avait déjà niché en 2014.
https://www.birdguides.com/news/black-winged-stilt-pair-breeds-in-sussex/
ROYAUME-UNI – Une année record pour les Grandes Aigrettes dans le Somerset
La Grande Aigrette est encore assez rare en Europe de l’Ouest (population française estimée à 180 couples) quoiqu’en augmentation ; elle prend aussi patte Outre-Manche (où elle ne nichait pas jusqu’en 2012), quelque 50 jeunes se sont envolés des colonies installées dans le Somerset cette année.
https://www.birdguides.com/news/record-year-for-somerset-great-egrets/
ROYAUME-UNI – Les réserves naturelles « de bord de route » en progression
Instituées depuis 1995, les « réserves naturelles de bord de route » sont de plus en plus fréquentes en Grande-Bretagne. L’intérêt de ces espaces protégés insolites n’est pas anecdotique, en effet ils peuvent connecter des espaces naturels entre eux (comme les routes le font pour les humains!) et accueillent aussi des espèces animales et végétales variées (insectes pollinisateurs, Campagnols aquatiques, Crapauds communs, etc…).
IRLANDE – Les Sternes de Dougall au plus haut
Si, en France, les Sternes de Dougall sont des hôtes rarissimes des côtes bretonnes avec quelques dizaines de couples au maximum, elles sont en très nette augmentation en Irlande où la seule colonie de Rockabill, près de Dublin, a totalisé 1.704 couples nicheurs cette année (le précédent record datait de 2018 avec 1.642 couples). Ce site conforte son statut de « capitale européenne » pour cette espèce, la seconde population d’Europe vivant aux Açores et comptant un millier de couples.
https://www.birdguides.com/news/rockabill-roseate-terns-reach-record-high/
AFRIQUE
NIGERIA – Un plan « de la dernière chance » pour sauver les Eléphants
L’état de conservation des Éléphants africains n’est pas uniforme d’un bout à l’autre du continent, les populations d’Afrique de l’Ouest ayant le statut le plus critique. Au Nigeria, où survivent surtout des troupeaux de petite taille et fragmentés, un plan est prévu pour tenter de sauver l’espèce.
AFRIQUE DU SUD – Des jeunes Léopardeaux sauvés du trafic et relâchés
Confisqués à des trafiquants il y a 18 mois, 2 jeunes Léopards ont été relâchés dans une réserve privée sud-africaine, une fois qu’ils étaient assez grands et suffisamment indépendants par rapport à l’action humaine.
KENYA – Ces femmes gardiennes des forêts
Les autorités kényanes ont confié aux femmes d’une communauté Samburu la tâche de protéger la forêt de Kirisia. Au bout de quelques années, elles ont augmenté et sécurisé leur niveau de vie et celui de leurs enfants, tout en mettant fin à la déforestation.
https://e360.yale.edu/features/natural-protectors-kenyan-women-step-up-to-save-a-forest
MOYEN-ORIENT
IRAK – Un refuge sur la frontière pour les Léopards
Depuis la guerre qui opposa les deux pays dans les années 1980 et sa désertion par les humains, la frontière entre l’Iran et l’Irak est devenue un refuge inattendu pour les dernières populations de Léopards de ce dernier pays.
Une réserve naturelle a été désignée par les autorités, donnant un certain espoir pour les populations des villages avoisinants, parmi les plus pauvres du pays.
ASIE
INDE – Reconstituer la chaîne alimentaire, en attendant le Guépard
La réintroduction du Guépard en Inde est en bonne voie (cf. Objectif Refaunation n° 9, juin 2021).
Afin de la rendre viable, surtout aux premières étapes [NDLR : tant que les félins ne seront pas habitués à leur nouvel espace], les forestiers ont disposé des briques salées, prisées par les cerfs, antilopes, etc… sur les lieux de réintroduction, pour que les Guépards puissent avoir des proies à leur disposition.
INDE – La réimplantation des Tigres, un succès dans la réserve de Panna
Pratiquement vidée de ses Tigres en 2009, la réserve de Panna (dans le Madhya Pradesh, au Centre de l’Inde) a bénéficié d’une politique de réintroduction des grands félins rayés, qui porte aujourd’hui ses fruits : 64 Tigres dont 29 femelles y ont été recensés en milieu d’année (dont 16 nés l’année dernière, de 12 mères différentes) et d’autres pourraient naître d’ici les derniers mois de 2021.
INDE – Comment une divinité aide les humains à cohabiter avec les grands félins
Dans l’Ouest de l’Inde, le culte populaire accordé à la déesse Waghoba, une divinité à la forme de félin, aide les habitants humains à partager leur espace de vie avec les Léopards et Tigres, plutôt qu’à les persécuter comme cela se fait dans d’autres régions ou pays.
Comme il a déjà été indiqué dans des numéros précédents de cette revue (Objectif Refaunation n° 6, mars 2021), de telles pratiques religieuses ne sont pas rares en Inde (voire conssubstantielles à la religion hindoue!), et ne sont sans doute pas étrangères au maintien de populations viables de félins dans ce pays.
INDE – Bientôt un corridor à faune sauvage à Delhi ?
Bien qu’elle soit une des plus grandes mégalopoles du monde, la ville de Delhi est entourée de zones sauvages ; les routes mettent fréquemment en péril la survie de la faune qui vit dans ces aires protégées. Un de ces axes routiers (la route Surajkund-Pali) pourrait bientôt être équipée d’un passage pour faune sauvage, sécurisant la zone pour les Léopards et autres animaux sauvages.
KAZAKHSTAN – L’Antilope saïga fait son retour !
Unique exemple d’antilope adaptée à un climat froid et relique des temps glaciaires, l’Antilope saïga était au bord de l’extinction dans les années 1990 et 2000 (baisse de 90% des effectifs!), du fait de l’effondrement du système soviétique qui leur offrait une protection relative et de l’émergence d’un braconnage pour satisfaire la demande en corne des consommateurs d’Extrême-Orient. Heureusement les autorités du Kazakhstan (où vivent la majorité des troupeaux) ont adopté une politique de protection énergique pour cette espèce iconique, conduisant à un effectif de 842.000 animaux aujourd’hui (contre 67.000 en 2006), et ceci malgré plusieurs catastrophes (hivers rudes, épidémies) qui ont périodiquement décimé les troupeaux – et par rapport auxquelles ces antilopes montrent de belles facultés de récupération (étant habituées à affronter des conditions de vie très difficiles depuis les âges préhistoriques) –.
AMERIQUE DU NORD
ETATS-UNIS – Vers la restauration de la baie de Biscayne en Floride
Aujourd’hui, la baie de Biscayne, qui borde Miami, est dans une situation critique avec une pollution persistante, ce qui nuit non seulement à la faune et à l’environnement, mais aussi à la réputation touristique de la région. Des solutions sont envisagées pour restaurer l’état de la baie, dont la replantation de mangroves, d’herbiers d’algues et même de bancs d’huîtres (ces mollusques purifient l’eau, des solutions de ce type ont déjà été expérimentées avec succès en d’autres lieux !
https://news.mongabay.com/2021/07/building-back-miamis-biscayne-bay-do-natural-solutions-hold-hope/
ETATS-UNIS – Un pont pour sauver les Pumas de Los Angeles
Comme les Léopards à Delhi (voir ci-dessus), les Pumas de Los Angeles sont menacés par le réseau routier qui coupe leur habitat naturel constitué par les collines et montagnes qui surplombent la ville. Un large pont végétalisé pourrait changer la donne et reconnecter des populations de Pumas actuellement isolées, de même que la circulation d’un grand nombre d’autres espèces incluant les Cerfs, les Lapins, les Coyotes ou les Rapaces.
ETATS-UNIS – Comment un couple de Castors a évité un incendie (…et sauvé 1 million de dollars)
Dans une prairie asséchée de Californie, la simple présence d’un couple de Castors a permis de restaurer près de 25 hectares de zones humides depuis le milieu des années 2010, évitant de faire flamber toute la zone… ou de recourir à des travaux coûteux. Aujourd’hui, la présence de Castors est encouragée en d’autres lieux pour empêcher les incendies.
Les Castors américains, historiquement chassés pour leur fourrure, furent un temps en voie de disparition, mais leurs populations sont aujourd’hui en augmentation, atteignant environ 20 millions d’animaux sur le continent.
ETATS-UNIS et CANADA – Un corridor écologique géant de Yellowstone au Yukon
Un projet de corridor écologique géant est envisagé sur 3.000 kilomètres entre le parc national de Yellowstone et le Yukon (Y2Y). Reliant plusieurs parcs nationaux américains et canadiens, cette méta-réserve offre une perspective inédite de conservation à l’échelle continentale, tenant compte de la faune, mais aussi des communautés humaines et des changements environnementaux globaux.
AMERIQUE LATINE ET ANTILLES
PEROU – Des outils « high-tech » aident les indigènes à lutter contre la déforestation
Les smartphones et les satellites sont devenus des auxiliaires précieux pour les Amérindiens de l’Amazonie péruvienne, conduisant à réduire la déforestation dans des régions frappées par ce phénomène mais aussi l’orpaillage et la culture de coca.
OCEANIE
AUSTRALIE – Les savoirs indigènes protègent l’habitat des « Bilbies »
Dans les déserts australiens, les savoirs traditionnels aborigènes viennent au secours des scientifiques dans leurs efforts pour sauver les « Bilbies » (petits marsupiaux emblématiques pour le peuple australien) et leur habitat.
Revenue sur ses terres depuis les années 1980, la communauté Martu a renoué avec les pratiques traditionnelles d’entretien des sols et des eaux, recréant un habitat favorable pour les Bilbies.
Les Aborigènes participent aussi au recensement et au suivi de cette espèce, ainsi que d’autres animaux devenus rares ou menacés.
OCEANS
Vers le « réensauvagement » des mers ?
Les opérations de réintroduction animales (récemment appelées sous le nom de « réensauvagement ») ont surtout concerné des espèces terrestres jusqu’à présent.
Il est désormais question d’appliquer ces méthodes aux espaces marins, par exemple avec les Bénitiers (grands mollusques) aux îles Fidji (où ils font l’objet d’une certaine vénération par les tribus locales), et peut-être bientôt le Requin zèbre Stegosoma tigrinum aux Raja Ampat (un archipel indonésien d’où cette espèce avait déjà disparu lors de l’édiction des mesures de protection) ou l’Esturgeon dans l’Atlantique européen.
https://www.theguardian.com/environment/2021/jul/04/rewilding-the-seas-overfishing-oceans
À propos de l’auteur
Passionné d’ornithologie et de la protection de la faune sauvage, Alexis nous emmène au travers de newsletters mensuelles “Objectif REFAUNATION” sur le chemin de l’actualité positive des actions menées pour la nature.