Cette contri­bu­tion est celle d’un citoyen engagé de longue date dans le déve­lop­pe­ment durable aux niveaux per­son­nel et aussi pro­fes­sion­nel. Son expé­rience lui montre que les citoyennes et les citoyens ont beau­coup plus de pou­voir dans les démo­cra­ties que ce qu’ils croient. Si bien sûr les res­pon­sables poli­tiques et les ins­ti­tu­tions publiques et pri­vées jouent un rôle impor­tant dans les déci­sions prises, les citoyennes et citoyens sont aussi des électeurs,

des consom­ma­teurs et des indi­vi­dus enga­gés par leur tra­vail ou acti­vi­tés dans des orga­ni­sa­tions qui struc­turent la société.

Le déve­lop­pe­ment durable et l’atteinte des ambi­tions de l’Agenda 2030 devien­dront des objec­tifs par­ta­gés que si les citoyennes et citoyens ont com­pris l’intérêt fon­da­men­tal de poli­tiques et de pro­jets per­met­tant la tran­si­tion éco­lo­gique dans une éco­no­mie res­pon­sable et solidaire.

En France ( Source : ASTEE )

Dans le monde :

• Le nombre de per­sonnes sans accès à l’eau potable est de 2,2 mil­liards -Rapport Coalition Eau (JMP OMS/​UNICEF, 2019)
• 4,2 mil­liards de per­sonnes n’ont pas accès à des ser­vices d’assainissement gérés en toute sécurité.
• 3 mil­liards de per­sonnes ne se lavent tou­jours pas les mains à domi­cile (1,6 mil­liard de per­sonnes ont un accès limité à du savon et de l’eau et 1,4 mil­liard n’a aucun accès à l’eau et à du savon) (JMP OMS/​UNICEF, 2019)

Mais l’ODD6 vise aussi la ges­tion durable de l’eau dans la nature, en termes de qua­lité de l’eau, d’usage durable et effi­cace, de pro­tec­tion des éco­sys­tèmes, et men­tionne la réduc­tion du nombre de per­sonnes souf­frant de la rareté de l’eau. Cet objec­tif intègre la notion de ges­tion trans­fron­ta­lière de cette res­source, essen­tielle à la ges­tion durable mais aussi favo­rable à la paix et à la coopération.

Aujourd’hui, dans le monde :

• La pro­por­tion moyenne de bas­sins natio­naux trans­fron­ta­liers cou­verts par un accord opé­ra­tion­nel était de 59 % durant 2017 – 2018
• En 2018, le taux mon­dial moyen de mise en œuvre d’une ges­tion inté­grée des res­sources en eau était de 49%
• Le manque d’eau douce dans les pays les plus pauvres aug­mente leur vul­né­ra­bi­lité aux chan­ge­ments cli­ma­tiques et aux pénu­ries d’eau
• S’il n’est pas atté­nué, le stress hydrique peut pro­vo­quer des pénu­ries d’eau et le dépla­ce­ment de près de 700 mil­lions de per­sonnes d’ici à 2030
• Les finan­ce­ments dis­po­nibles pour les cibles de l’Objectif 6 sont insuf­fi­sants pour répondre aux besoins des pays

… aux autres ODD qui intègrent l’eau dans leurs cibles…

Dès lors que l’on s’intéresse à l’eau, il est impos­sible de s’arrêter à l’ODD 6 et l’on se rend compte rapi­de­ment que une série d’autres ODD intègrent l’eau dans leurs cibles :

• L’ODD1 Lutte contre la pauvreté
• L’ODD2 Faim zéro
• L’ODD3 Bonne santé et bien-être
• L’ODD4 Éducation de qualité
• L’ODD11 Villes et com­mu­nau­tés durables
• L’ODD12 Consommation et pro­duc­tion durable
• L’ODD13 Lutte contre les chan­ge­ments cli­ma­tiques (l’eau est la pre­mière vic­time du chan­ge­ment cli­ma­tique : inon­da­tions, séche­resses, élé­va­tion du niveau de la mer, dégra­da­tion de la bio­di­ver­sité aquatique)

• L’ODD14 Vie aquatique
• L’ODD15 Vie terrestre

… Et finalement s’intéresser, en partant de l’ODD 6, à tous les ODD et à l’Agenda 2030 dans sa globalité

Depuis 2007 a vécu cette expé­rience pro­gres­si­ve­ment et ses 200 membres aujourd’hui par­tagent cette vision de l’interdépendance et de la néces­sité d’agir sur l’eau avec l’ODD 6 tout en iden­ti­fiant les poten­tiels impacts sur les autres ODD.

Cette action prend prin­ci­pa­le­ment la forme de plai­doyers à l’international vers les grandes enceintes onu­siennes, euro­péennes et autres (par exemple les Forums mon­diaux de l’eau) et aussi, depuis plus récem­ment, vers le gou­ver­ne­ment et les déci­deurs fran­çais à tous les niveaux.

Si le PFE a défini des prio­ri­tés thé­ma­tiques – eau et cli­mat, eau, bio­di­ver­sité et solu­tions fon­dées sur la nature, eau et déve­lop­pe­ment rural, eau dans les situa­tions d’urgence et de fra­gi­lité – c’est bien l’atteinte des ambi­tions de l’Agenda 2030 et de ses 17 ODD qui struc­ture son acti­vité avec une prio­rité trans­ver­sale por­tées par un groupe de tra­vail dédié.

Je vou­drais ici rendre hom­mage à M Gérard Payen, ancien Conseiller du Secrétaire Général des Nations unies et Président de ce groupe de tra­vail, qui a été un acteur impor­tant pour l’adoption de l’Agenda 2030 et de son ODD 6 et qui agit encore et encore pour leur mise en œuvre à tous les niveaux.

Parmi ses actions récentes, la créa­tion d’un outil digi­tal, bien­tôt en ligne sur le site web du PFE, per­met­tra d’analyser un pro­jet, une poli­tique ou une stra­té­gie du domaine de l’eau vis-à-vis des 17 ODD et de mettre en évi­dence ses impacts posi­tifs et néga­tifs. Une véri­table révo­lu­tion pour faci­li­ter l’appropriation de l’Agenda 2030 et son uti­li­sa­tion opé­ra­tion­nelle à large échelle.

Cette expé­rience ins­pi­rante fon­dée sur la néces­sité d’agir en liant la tran­si­tion éco­lo­gique, l’économie et le social a lar­ge­ment ins­piré la créa­tion en novembre 2020 de l’association loi 1901 SDG CHAMPIONS France.

C’est une nou­velle aven­ture, très cen­trée sur les indi­vi­dus, qui s’ouvre et qui va pou­voir appor­ter une nou­velle dyna­mique à celles exis­tantes qui œuvrent pour la recon­nais­sance de l’Agenda 2030 comme outil vers un monde meilleur et durable.

Cette dyna­mique est mise en œuvre de façon conco­mi­tante dans d’autres pays euro­péens, afri­cains, d’Amérique du Nord et du Sud, d’Asie et au Royaume-Uni.

-        Sur la base la plus large possible d’individus-citoyens-consommateurs :

> Promouvoir l’Agenda 2030, tré­sor du patri­moine mon­dial, comme réfé­ren­tiel ras­sem­bleur garan­tis­sant la cohé­rence d’ensemble, auprès des déci­deurs poli­tiques et territoriaux

> Promouvoir et faci­li­ter l’utilisation des outils d’analyse de pro­jets, poli­tiques et stra­té­gies per­met­tant d’identifier leurs impacts vis-à-vis des ODD auprès des fran­çaises et fran­çais et des déci­deurs de tous niveaux

> Mobiliser le Premier Ministre pour que cette dyna­mique soit por­tée par lui et concerne l’ensemble des Ministres et leurs poli­tiques publiques

> Demander à ce que la Feuille de route fran­çaise soit dotée d’un sta­tut juri­dique, qu’un suivi pré­cis de sa mise en œuvre y soit prévu et que son contenu évo­lue au plus près des ODD (ce qui n’est pas le cas aujourd’hui)

> Militer pour que l’engagement de la Feuille de route fran­çaise de mettre en place des coa­li­tions d’acteurs par grandes thé­ma­tiques soit sui­vie d’effet

> Militer pour la mobi­li­sa­tion des finan­ce­ments néces­saires pour la réa­li­sa­tion effec­tive de la Feuille de route : méca­nismes de finan­ce­ment inno­vants et au car­re­four des sec­teurs publics et pri­vés (blen­ded finance, impact inves­ting, etc.)

> Trouver des « alliés » dans cette démarche aux niveaux européen et international.

Elargissons la famille des indi­vi­dus défen­deurs de l’Agenda 2030 ! Elle doit gran­dir, gran­dir, gran­dir, en France, en Europe et dans le monde !!!