Bertrand Gonthiez et l’ODD6

Peux-tu te présenter et expliquer ton choix de t’engager en faveur de l’ODD6 ?
Je suis né au pied des Pyrénées. Avec ma famille, nous habitions un moulin au bord de l’Alaric, un cours d’eau paisible, bras de l’Adour ; lieu idéal en contact direct avec la nature et qui fut aussi, un terrain de jeux extraordinaire et sans limite. Très jeune, je passais le plus clair de mon temps à pêcher, à réaliser des moulins dans les ruisseaux environnants, à explorer les forêts, à observer les insectes, à contempler la nature.
Je prenais un plaisir immense à entrer en connaissance avec ce monde vivant. Ma passion pour l’eau et sa relation particulière à la Terre est ainsi née. Une fois mon bac en poche, je me suis naturellement dirigé vers le métier d’hydrogéologue. L’histoire de l’eau à travers les temps mais plus encore, la place de l’Homme dans le monde ainsi que sa relation « passionnelle » avec l’eau, m’ont toujours fasciné.
Garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau

L’eau est un bien commun de l’Humanité. En tant que citoyen du Monde, je me situe comme un infime fragment de ce tout. Mon envie de découvrir les multiples facettes de notre planète m’a amené à débuter ma vie professionnelle au sein d’une association d’aide au développement, Hydraulique Sans Frontières. Grâce à elle, j’ai eu la chance de pouvoir aider les populations les plus isolées à construire des réseaux d’eau potable et d’assainissement, des barrages pour l’irrigation, des puits et des forages. J’ai appréhendé la véritable valeur de l’eau, au contact de populations coupées du monde, en partageant leur quotidien, leurs coutumes, leurs difficultés, mais aussi leurs espoirs. C’est ainsi dans ce cadre que l’ODD 6 « eau et assainissement » prend un sens particulièrement concret.
Les rencontres me font grandir. Je me nourris du partage. Mon grand-père maternel était éducateur, photographe et amoureux de la nature.
Il m’a enseigné le fait que chacun devait prendre soin de notre planète et des êtres vivants qui la composent. Il m’a transmis des passions simples à travers son regard bienveillant et généreux et je considère à mon tour que c’est mon rôle et mon devoir de transmettre.
Le voyage m’a aussi permis d’en apprendre plus long sur moi que tous les livres.
Il y a 15 ans, je partais sac au dos à la découverte du continent Sud-américain, pour recenser les alternatives liées à l’utilisation de l’eau.
De la forêt équatoriale à la cordillère des Andes, des glaciers en Patagonie jusqu’aux villes tentaculaires de la côte brésilienne, je n’ai eu de cesse que d’apprendre et de m’enrichir.
Étudier la réhabilitation des barrages pré-incas perchés à 4000m d’altitude, réparer des réseaux d’irrigation ancestraux, aider à trouver des solutions viables à la construction de réseaux d’eau potable pour des villages enclavés, former les utilisateurs à l’entretien des ouvrages et plus largement sensibiliser le public sur les problématiques de l’eau dans le monde.
A mes yeux, l’échange et le partage constituent des principes forts à mon évolution personnelle.


Plus de 2 milliards de personnes dans le monde n’ont toujours pas accès à l’eau potable et à l’assainissement

En 2005, après une dernière mission en Haïti, théâtre de vies déchirées par les tempêtes et séismes qui se succèdent chaque année, je décide de mettre à profit ma créativité dans la création d’une entreprise, Aquavalor, spécialisée dans une alternative naissante, la récupération d’eau de pluie. J’ai contribué pendant plus de 10 ans à sa promotion et à sa démocratisation. Aujourd’hui, je représente une industrie, Krausz, présente aux quatre coins du monde, spécialisée dans l’innovation hydraulique. Elle conçoit et fabrique des raccords de réparation définitive de fuite d’eau potable ainsi que des raccords innovants pour faciliter l’entretien et le renouvellement des canalisations d’eau. La performance des réseaux d’eau est au cœur de mon métier. J’accompagne les gestionnaires des réseaux d’eau en leur apportant des solutions d’optimisation.
Quelle organisation, association, collectif, entreprise, État, t’inspire par son action en faveur de l’ODD6 ?
Hydraulique Sans Frontières est association de solidarité internationale, spécialisée dans le domaine de l’eau et de l’assainissement. Elle contribue à une amélioration significative des conditions de vie des populations locales en œuvrant chaque jour pour un accès juste et équitable à l’eau potable. A travers les projets réalisés, elle permet à des centaines de villageois chaque année d’avoir, au sein de leurs villages, des forages/puits ainsi que des latrines. En réduisant la consommation d’eau souillée, et en limitant la défécation à l’air libre, elle contribue à diminuer drastiquement le nombre de maladies liées à l’eau dans les zones où elle intervient. Pour les femmes, qui passent de longues heures à aller puiser l’eau, l’accès à une borne fontaine est également un changement considérable dans leurs vies. Moins fatiguées, avec plus de temps à disposition, elles peuvent se consacrer à des activités génératrices de revenus, ou bien tout simplement prendre le temps de reposer leurs corps. Les enfants, quant à eux, sont moins malades et donc moins absents à l’école.
HSF s’inscrit ainsi pleinement dans ces Objectifs du Développement Durable, qui sont interconnectés, en agissant plus particulièrement sur l’Objectifs 6 « Eau et assainissement » mais également 3 et 5.
S’informer : Hydraulique Sans Frontières

Comment perçois-tu le chemin pour atteindre l’ODD6 ?
Le Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau rappelle que l’accès à l’eau potable et à l’assainissement est un droit de l’Homme et un des Objectifs de développement durable (ODD). Malgré d’importants progrès enregistrés ces 15 dernières années, cet objectif reste hors d’atteinte pour une bonne partie de la population mondiale.
Le chemin restant à parcourir reste considérable. Trois personnes sur dix (2,1 milliards) n’ont pas accès à des services d’eau potable gérés en toute sécurité et 4,5 milliards de personnes, soit 6 sur 10, sont privées d’installations sanitaires gérées de manière sûre.
Les difficultés d’accès à l’eau potable sont à l’origine de nombreuses inégalités sociales : santé, alimentation, éducation, émancipation de la femme, développement économique, etc. A cela s’ajoutent les risques de conflits toujours grandissants, exacerbés par une répartition inégale de l’eau entre les pays pour leurs besoins économiques. Entre 2000 et 2009, on recensait 94 conflits. Entre 2010 et 2018, ce chiffre s’élevait à 263 à travers le monde.
Le droit à l’eau ne peut être isolé des autres droits de l’Homme. Il est un enjeu majeur sur lequel les dirigeants des pays concernés doivent mettre la priorité, en particulier en Afrique, théâtre des plus grandes difficultés d’accès. Cela ne pourra être possible qu’en investissant dans la gestion des écosystèmes d’eau douce et des installations sanitaires au niveau local.
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À propos de l’auteur
Le collectif Citoyens de l’Anneau (C2A) est mobilisé pour les Objectifs de Développement Durable et l’Agenda 2030.