Olivier Stock et l’ODD4
Peux-tu te présenter et expliquer ton choix de t’engager en faveur de l’ODD4 ?
Je suis enseignant de physique-chimie en collège. C’est donc tout naturellement que je suis engagé pour cet ODD4 même s’il faut rappeler que l’éducation de qualité pour tous ne se limite pas au milieu scolaire mais concerne une éducation tout au long de la vie. Les menaces qui pèsent sur nos sociétés comme le changement climatique, la perte de biodiversité, la montée du complotisme ou l’accroissement des inégalités, qui est parfois lié à la dégradation de notre environnement, nécessitent une éducation au développement durable et une éducation à la citoyenneté mondiale pour y faire face. Deux éducations, deux faces d’une même médaille, sont au cœur de la cible 7 de l’ODD4 :
La résolution 72⁄222 de l’Assemblée générale des Nations Unies (2017) réaffirme d’ailleurs que l’éducation au développement durable « est un catalyseur essentiel de tous les autres objectifs de développement durable ». S’engager pour l’éducation au développement durable, c’est s’engager pour l’ensemble des 17 ODD.
Quelle organisation, association, collectif t’inspire par son action pour l’ODD4 ?
L’éducation au développement durable, pour être efficace, doit être concrète. Pour cela il faut passer par une pédagogie de projets ou encore mieux par une démarche d’établissement. L’association TERAGIR, avec le réseau Eco-Ecole, nous propose une démarche rigoureuse pour réussir cette éducation par l’action.
C’est la première association inspirante que je voudrais citer car elle a été pionnière dans de nombreux domaines comme l’élection d’éco-délégués ou le fait d’inciter à communiquer sur les projets pour que les actions rayonnent en dehors des établissements scolaires. TERAGIR est également à l’origine du concours Jeune Reporter pour l’Environnement et de nombreux autres programmes d’éducation au développement durable.
Le deuxième réseau que je voudrais citer est le réseau des écoles associées de l’UNESCO. Ce réseau international permet des échanges entre enseignants et élèves du monde entier. Deux événements organisés par la coordination internationale du réseau des écoles m’ont énormément marqués.
Le premier événement a été un séminaire international du réseau des écoles associées de l’UNESCO sur l’éducation au changement climatique. Il était organisé pendant la COP21 à la maison de l’UNESCO et au Bourget dans la zone de la société civile sur le pavillon de l’UNESCO. Le séminaire avait été ouvert par la directrice générale de l’UNESCO, Mme Irina BOKOVA. Elle avait insisté sur la nécessité d’un changement de société pour pouvoir faire face au changement climatique. L’autonomisation des jeunes et la démarche de projet étaient les maitres mots de ce séminaire.
Le deuxième événement a été une formation de formateurs qui s’est déroulée à Dakar en 2016 dans le cadre du Programme d’action global pour l’EDD (2015−2019).
Ce projet pilote connait aujourd’hui une généralisation avec la feuille de route de l’UNESCO « EDD pour 2030 »
Comment perçois-tu le chemin pour atteindre l’ODD4 ?
Des progrès ont été faits en France au niveau de la cible 7 de l’ODD4 qui concerne l’éducation au développement durable avec notamment l’élection d’éco-délégués dans chaque classe de collège et de lycée, la publication d’un vadémécum EDD à l’horizon 2030.
Ou encore la loi Climat-Résilience qui modifie le code de l’éducation « Art.L.421 – 8. – Le comité d’éducation à la santé, à la citoyenneté et à l’environnement, présidé par le chef d’établissement, a pour mission globale d’inscrire l’éducation à la santé, à la citoyenneté et au développement durable dans chaque projet d’établissement approuvé par le conseil d’administration ».
Malheureusement il reste encore beaucoup à faire, l’éducation au développement durable est à peine mentionnée dans certains projets académiques et la formation des enseignants dans ce domaine est encore trop réduite.
Tout comme il existe des délégations académiques au numérique éducatif (DANE) ou aux relations européennes et internationales (DAREIC) il me parait indispensable que soit créées rapidement des délégations académiques au développement durable.
Ensuite, je voudrais dire que l’atteinte de l’ODD4 est l’affaire de tous et pas uniquement des Etats, des institutions ou des enseignants. Chacun peut agir.
Nous pouvons agir en nous engagent sur d’autres ODD et notamment l’ODD12 qui concerne la consommation et la production responsable. Je vais prendre comme exemple le chocolat. En achetant du chocolat issus du commerce équitable, nous assurons une juste rémunération aux producteurs qui pourront permettre à leurs enfants d’aller à l’école. En agissant pour l’ODD12, nous participons à atteindre la cible 6 de l’ODD4 : « D’ici à 2030, veiller à ce que tous les jeunes et une proportion considérable d’adultes, hommes et femmes, sachent lire, écrire et compter ». Cet exemple permet de faire un clin d’œil à Elyx, l’ambassadeur digital des Nations Unies créé par Yacine Ait Kaci, pour qui #ToutEstLié !
En ce qui concerne le chemin pour atteindre l’ODD4, la crise du COVID-19 nous a clairement fait faire un long détour sur lequel je ne vais pas m’étendre mais je vous conseille d’écouter à ce sujet l’interview de Madame Stefania GIANNINI, sous-directrice générale de l’UNESCO en charge de l’éducation, qui a été réalisé par des collégiens à l’occasion de la journée mondiale de l’éducation 2021
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À propos de l’auteur
Citoyen engagé pour construire le monde de demain avec les Citoyens de l’Anneau, le Comité 21 et le Partenariat Français pour l’Eau.
Enseignant de collège mobilisé pour l’Agenda2030 avec le réseau des écoles associées de l’UNESCO.