Pierre Klein et l’ODD1
Pas de pauvreté
A partir de mon travail en tant que volontaire permanent au sein d’Agir Tous pour la Dignité ‑ATD Quart Monde, je vous propose quelques exemples idées de mobilisation pour l’ODD1.
Imaginez-vous être militants de la fin de l’esclavage ou de la fin de l’apartheid à un moment où il y avait des esclaves ou une discrimination raciale partout. L’argument « Cela sera toujours ainsi » prévaut. C’est aujourd’hui le cas pour « la pauvreté ». On a collectivement accepté de dire « la vie en pauvreté est une violation des droits de l’homme », mais nos sociétés ne disent pas encore « la vie en situation de pauvreté est inacceptable et nous mettons la pauvreté « hors la loi ».
Il y a mille et une façon de se mobiliser pour l’ODD1. Sur le long terme ou sur le court terme. Si l’on regarde le détail des sous-objectifs de l’ODD1, on peut aborder par exemple aborder les défis en partant de la réalité de la pauvreté en France, ou en se situant dès le départ sur un terrain global et en ayant en tête la situation des « LDC » (Least Developped Countries – ou PMA – Pays les moins avancés) comme ils sont nommés, surement à tort, dans les institutions internationales.

En quoi l’Agenda 2030 concoure-t-il à l’ODD1 ?
La première révolution que propose l’Agenda 2030 c’est d’inscrire la « Fin de la pauvreté » dans l’horizon culturel mondial.
Avec l’ODD1, son inscription dans l’Agenda 2030, « Éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde » , la communauté internationale l’évoque comme un horizon possible, normal. C’est un pas capital qui participe au basculement culturel nécéssaire. Celui que Nelson Mandela appellait de ses vœux dans son discours « Make Poverty History » de Trafalgar Square en 2005. « Comme l’esclavage et l’apartheid, la pauvreté est l’oeuvre des hommes, et les hommes peuvent y mettre fin »
Le premier impact de l’ODD1 c’est de participer à cette validation culturelle. C’est basculer dans le camp de ce qui disent « oui, c’est un objectif réaliste et nécessaire », les personnes en situation de pauvreté y sont d’abord à cause d’une organisation de la société qui le favorise, et n’en sont pas personnellement responsables ».
Quel est ton engagement citoyen pour l’ODD1
Une façon de soutenir, de contribuer à la réalisation de l’ODD1 c’est d’abord de participer à cette validation culturelle, très personnellement, d’y adhérer et de la faire entrer dans nos acquis sociaux.
Une façon de vivre, d’exprimer cela est de participer activement chaque année à la journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, le 17 Octobre. Elle est marquée dans le monde entier. Elle est née le 17 Octobre 1987 à Paris sur le parvis des libertés et des droits de l’homme du Trocadéro. Chaque année beaucoup d’info à ce sujet sont disponibles sur www.atd-quartmonde.fr, association dans laquelle je milite.
Des acteurs en France
En France, nous avons la chance d’avoir des associations qui considèrent que les meilleurs experts de la pauvreté sont ceux qui la vivent. Ainsi, entre 2017 et 2019, en lien avec l’Université d’Oxford, Agir Tous pour la Dignité – ATD Quart Monde et le Secours Catholique ont fait dialoguer des chercheurs, des professionnels et des personnes concernées !
Leur travail publié en 2019 nous permet aujourd’hui d’avoir une meilleure image de ce que cela veut dire « la pauvreté sous toutes ses formes ». Découvrez cela dans la vidéo ci-contre.
En janvier 2021 le Rapporteur spécial de l’ONU sur la pauvreté et les droits de l’homme s’est inspiré de ce travail pour affirmer dans une vidéo sa conviction que nos sociétés peuvent changer la donne ! (Voir la vidéo de l’ONU)
Comprendre “La pauvreté sous toutes ses formes”
En France, 35 associations nationales et 15 collectifs locaux se rassemblent dans le collectif Alerte pour mettre fin à la pauvreté.
Tous acteurs !

Je vais encore m’attarder sur 3 sous-objectifs qui sont au cœur de mes propres actions pour l’ODD1.
Le premier concerne la cible 1.2 : « D’ici à 2030, réduire de moitié au moins la proportion d’hommes, de femmes et d’enfants de tout âge qui vivent dans la pauvreté sous tous ses aspects, telle que définie par chaque pays et quelles qu’en soient les formes ». Cette cible contredit l’esprit de la promesse « Ne laisser personne de côté ». Elle laisse à l’échéance 2030 la perspective d’une moitié, surement celle qui la vit déjà le plus durement aujourd’hui, encore dans la pauvreté. Ce genre de cible non inclusive est maintenant d’un autre temps. Il faut donc créer une autre type de fixation d’objectifs locaux et internationaux. A l’exemple des expérimentations « Territoire Zéro Chômeurs de longue durée », on doit travailler à des localisations de projets « pleinement inclusifs », expérimenter et déployer des écoles « De la Réussite de Tous – Zéro Echec Scolaire », des territoires « 100% garantie jeunesse ».
Par ailleurs, au delà de la critique sur le fonds, il faut se mobiliser pour que la France soit au moins à la hauteur de l’ambition de la cible 1.2. Pour l’instant, et ce type de cible est propice à cette révision à la baisse, la France avec l’UE viennent de s’engager au Sommet Social de Porto en mai 2021 à ne réduire que de 30% le nombre de personne vivant sous le seuil relatif de pauvreté. A nous citoyens de demander un engagement plus déterminant. Voilà un premier terrain de mobilisation.
Quelles autres cibles visent l’ODD1 ?
Les cibles 1.3 et 1.4 (1.3 – mettre en place des systèmes et mesures de protection sociale pour tous (…)) 1.4 – accès aux ressources : faire en sorte que tous (..) aient les mêmes droits aux ressources économiques et qu’ils aient accès aux services de base, à la propriété et au contrôle des terres et à d’autres formes de propriété, à l’héritage et aux ressources naturelles et à des nouvelles technologies et des services financiers adéquats, y compris la micro-finance) nous projettent sur le terrain de mesures politiques nationales ou européenne (dans le contexte de la France).
Sur ce terrain, nous, citoyens, nous pouvons nous mobiliser à notre niveau pour faire connaître et soutenir des campagnes ou stratégie en cours :
– au niveau mondial, on peut soutenir : la Coalition Mondiale pour les Socles de Protection Sociale.
– en France, il faut interpeller nos élu.e.s sur la mise en œuvre en France du nouveau plan européen pour le Socle Européen de Droit Sociaux et notamment deux de ses mesures phares : la Garantie pour l’Enfance et la Garantie pour la Jeunesse.

Quelles suggestions as-tu concernant la vulnérabilité pour ne laisser personne de côté ?
Ce terme de vulnérabilité évoque pour moi la cible de l’ODD1.5 (renforcer la résilience des pauvres (…) et réduire leur exposition et leur vulnérabilité aux phénomènes climatiques extrêmes et à d’autres chocs et catastrophes d’ordre économique, social ou environnemental).
C’est un point très vaste mais là aussi j’ose quelques suggestions :
- On est vulnérabililisé quand la société autour de soit véhicule préjugés et idées fausses sur qui on est et sur nos façons d’agir. Pour contribuer à l’ ODD1, je vous invite donc à commander (pour 6 Euros + port) et lire « En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté ».
- On est vulnérabililisé quand les savoirs de base nécéssaires pour être pleinement acteurs ne sont pas acquis, accessibles, partagés, et quand dans la même dynamique, ses propres savoirs et contributions ne sont pas reconnues. Je vous invite donc à rejoindre ou soutenir d’une façon qui vous convient des projets de partage et croisement des savoirs (liés à la scolarité des enfants, l’insertion des jeunes ou les échanges de savoirs entre adultes)
- On est vulnérabililisé quand le pouvoir d’agir et la participation citoyenne et réprésentative de ses groupes d’appartenance sont réduits ou limités. Vous avez peut être suivi cela, en 2020 le gouvernement français a supprimé l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes) et en 2021, il s’est opposé à une juste représentation des groupes en situation de pauvreté dans la nouvelle assemblée du CESE (Conseil Economique, Sociale et Environnementale).
Quel message lances-tu aux citoyens ?
Un des grands enjeux reste de renforcer les soutiens à la participation et l’action citoyenne autonome des populations vivant avec les revenus les plus bas et des associations où elles se rassemblent.
Pour utiliser une formule belge, rejoignez, soutenez, des associations où « les pauvres prennent la parole » et sont avec d’autres dans des gouvernances et leaderships partagés.
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À propos de l’auteur
Le collectif Citoyens de l’Anneau (C2A) est mobilisé pour les Objectifs de Développement Durable et l’Agenda 2030.